lundi 31 octobre 2011

Jour 42: Venise, éternelle.

Voilà. 6 semaines de route déjà. 2 nuits en pension et 3 en camping. Le reste fût libre, sauvage, improvisé. Une sensation douce que nous partageons avec Gisela, le voyage de rencontres en découvertes.
Une bonne quizaine de km nous attend avant de rejoindre Punta Sabione. Au-delà se trouve l'entrée de la lagune et le Lido pour lequel nous embarquons. Déjà on flaire l'ambiance vénitienne, comme un songe indescriptible... Transfert au Lido pour le Tronchetto, le port de Venise. Nouveau ferry et déjà la place San Marco de loin se distingue... Mais d'abord acheter les billets. Un bateau part à 18h pour Patras en Grèce. Arrivée 36h plus tard. Choisissons de voyager en fauteuil. Les cabines sont vraiment hors de prix. Nous laissons nos sacoches au comptoir. Les gens sont vraiment gentils. En Allemagne cela aurait été difficile: against the rule!
A vélo nous rejoignons l'arrêt du vaporetto. Direction San Marco par le Canal Grande. Un rêve que nous étions encore loin d'imaginer il y a 48h à peine... Place Saint-Marc, déambuler dans les ruelles, enjamber les canaux, retrouver le Rialto. Venise est comme le Taj Mahal: c'est hyper touristique, on est déjà venu cent fois, des images mille fois vues et revues... Et pourtant l'effet magique se reproduit, inlassablement. Grandiose...
Mais déjà l'heure tourne. Achat de provisions pour la traversée et embarquement. Les vélos ficelés dans un coin (transport gratuit!) et nous trouvons notre salon empli de larges fauteuils. Idéal: on peut facilement dormir par terre (pour nous c'est la routine ;-) ) et une large baie vitrée nous dégage l'horizon. Sur le pont nous assistons au larguage des amarres, en plein coucher de soleil pour à nouveau longer Venise la Magnifique. What a day!

Une petite douche avant de partir et en route pour Venise!









Venise en approche







Depuis les transports en commun vénitiens







Place San Marco & Canal Grande







Quitter Venise...







vendredi 28 octobre 2011

Jour 41: Vent arrière

Un des résidents du parking nous prête sa carte: pour rejoindre Venise il faut revenir de 15 km sur nos pas puis bifurquer au SW.
Le vent est calme ce matin mais ne tardera pas à se lever. Départ matinal si nous voulons toucher la lagune ce soir. Traversée du pont à nouveau et un souffle terrible: nous peinons à 12 km/h de moyenne. La lumière est délicieuse mais l'air particulièrement froid et sec, qui descend des montagnes. Rejoindre Trieste au NE aurait été herculéen.
1ère étape et capuccino à Cervignano où nous changeons de cap. A présent c'est tout schuss, vent arrière! On flirte avec les 30 km/h pour un effort normal. Quel pied! Seule difficulté et de taille: nous ne ferons aujourd'hui que des routes à voitures :-( C'est dimanche et les locaux vont sans doute déjeuner en famille et plus tard ils rentreront de week-end. Les routes ne sont pas larges, on se sent frôlés, l'impression de ne pas maitriser notre sécurité... Parfois de brèves voies cyclables. Mais rarement un vélo. Décevant.
En tous cas on trace. Et bien. Pause casse-croute en bord de route. Croisons Famela sur le pas de sa porte. Il nous faut un peu d'eau, elle nous offre le café! Ces Italiens...
Malgré le vent, il nous reste des km à faire et les jambes se font lourdes. J'en profite pour expérimenter une médecine de mon ami Ghanashyam, une sorte de "herbal pain killer", qui fluidifie l'organisme, rend les jambes plus légères etc... Nous nous envolons presque! A Jesolo, charmante bourgade nous prenons les nouvelles: oui, au bout de la lagune, à une vingtaine de km, on trouvera un ferry pour Venise! Dernier tronçon que nous interrompons sur un terrain de foot en guise de campement. Le trafic est terrible (mais que font donc tous ces gens??), la nuit tombe, les espaces libres se font rares au milieu du bétonnage touristique... Nous campons sur un terrain de foot.
102 km au compteur. Record absolu ;-) il est vrai avec un vent arrière exactement sur notre trajectoire. Quelle chance! Demain nous verrons Venise et prendrons le ferry. Mission accomplie.

Retour sur nos pas (L'Aquilea) & Famela offre du café







Derniers tours de roue en Italie







lundi 24 octobre 2011

Jours 39-40: Repos et Réflexions à Grado

L'endroit n'est pas parfait mais pourrait être pire: camping sauvage hors saison dans une cité balnéaire encore très touristique n'est pas chose aisée.
Hier soir après avoir longé la plage sous une magnifique lumière et un terrible vent de face, nous trouvons un vaste parking pour mobile-homes. Gratuit car officiellement fermé, il reste l'eau et l'électricité. Déjà bien. Une petite dizaine de ces "oiseaux migrateurs" retraités parquent là. L'un d'eux partage quelques rudiments concernant la (sur)vie ici. Un coin de pelouse pas franchement buccolique suffit à notre bonheur. Il y a un supermarché non loin et hier soir ce fût bombance! Fameux jambon de San Daniele, gnocchi en sauce et délicieux vin de Luciano au menu. Sans doute l'avons-nous mérité ;-)
Le vent souffle vraiment fort dans la région et ça semble parti pour durer... Que faire? On pensait aller en Croatie mais les éléments nous poussent en direction opposée...
Repos quand même et on assiste au coucher du soleil depuis le Bain Thermal et sa grande baie vitrée! Une eau de mer remuante à 32°c: relaxation pure! Douche chaude ensuite. Je réalise malgré tout - en me voyant dans un miroir du vestiaire - que si mes jambes et ma vitalité en général se sont bien améliorés, il reste encore du boulot sur la partie haute du corps, avant de redenir un athlète ;-)
Nous adorons le vélo et même au repos, le besoin de rouler se fait sentir. Mais il faut envisager la suite de notre voyage sous un angle nouveau, et toujours expérimenter les formes modernes de nomadisme.
La Grèce nous attire. On ne sait trop pourquoi d'ailleurs. On décide d'y aller dès à présent. Un ferry fera l'affaire. Recherche sur Internet. Rien depuis Trieste mais ok depuis... Venise! Réflexion en terrasse de café, il faut faire vite, décider. Nous sommes samedi, il est 16h. Un ferry part de Venise le lundi à 17h. Venise est à plus de 120 km. Plan de bataille. Soudain tout s'accélère. Demain nous reprenons la route!

Camping (peu) sauvage...









Grado-Plage (Vent!)









Vues de Grado







samedi 22 octobre 2011

Les mosaïques à l'Aquilea (avant Grado)









Villages d'Italie









Jour 38: Grado, Méditerranée

A 8h nous sommes attendus pour le café par le Papa, qui gère la ferme. On parvient à échanger qq mots, d'allemand notamment qu'il a appris en faisant réciter leurs cours à ses enfants... il y a au moins 30 ans de ça! Puis vient sa fille qui amène les croissants et s'exprime très bien en français (appris à l'école uniquement). Bref dans la famille on aime les langues et les échanges. Un bonheur pour nous. (La fille de Luciano étudie à Zagreb (Croatie) et parle aussi le slovène...)
Le vent s'est levé ce matin. E-NE donc de travers pour nous qui filons plein sud vers la presqu'île de Grado, étape ultime de l'itinéraire que nous suivons depuis Salzburg (Alpe Adria Radweg). Traversée de villes et villages toujours plus charmants les uns que les autres. Ça me rappelle la France sans doute. Même si la modernité (ou post-modernité) germaine me manque aussi, et ferait sans doute le plus grand bien à l'économie locale...
Après une glace et la visite des mosaïques antiques à l'Aquilea, nous entamons la dernière ligne droite: le franchissement du pont-digue qui relie Grado au continent: 5,5 km de fort vent de travers sur une piste cyclable gravillonnée! Avancer, ne pas penser, arriver...
Et de fait nous arrivons à la terrasse d'un café, sur le vieux port, ravis avec 1650 km au compteur et la liaison établie depuis la lointaine Berlino, à la force des mollets!

Dans la famille de Luciano (le papa et la sœur)







Gisela se plait en Italie!







Place du Village







Au bout de la dernière ligne droite: Grado ET un capuccino!







vendredi 21 octobre 2011

Jour 37: la Grange

Nous poursuivons la route en direction d'Udine. La piste cyclable emprunte des sentiers de campagne quelque peu cabossés et nous retrouvons un groupe de lycéens eux aussi à vélo. Ça fait plaisir car les cyclistes ici se font rares. Ce n'est plus l'Allemagne ni l'Autriche où retraités, sportifs et autres citadins en route pour le travail usent et abusent de "la petite reine". Ici la reine est la voiture. Partout, tout le temps. L'époque où l'Italie était la patrie du vélo est révolue...
Arrivée à Udine, emmenés par une des profs qui rentre chez elle et nous dépose au lavomatic. Il y a même une connection wifi ouverte non loin. Miracle! Puis café dans la ville, incontournable au coucher du soleil et recherche d'infos à la bibliothèque: Croatie ou pas?
Quittons la ville bien tard. Il faut en sortir, trouver un champ quelconque où planter la tente. On trouve notre bonheur, demande au fermier son accord. Il réfléchit, dit oui bien sûr puis semble troublé... En fait il voudrait nous offrir plus! J'aperçois la grange. Depuis le début du voyage Gisela m'en parle. Un endroit chaleureux parait-il! C'est ok mais pas de réchaud ni de cigarettes bien sûr! Ravis nous nous y installons, un tapis de paille et dessus la tente intérieure (à cause des moustiques). Luciano, le fils du fermier qui nous a ouvert sa porte, revient à l'improviste une heure plus tard: un appareil photo dans une main (souvenir ;-) ) et... une bouteille de vin sucré italien dans l'autre! (verduro?) Voilà les Italiens! Un savoir-vivre, savoir-acceuilir exceptionnel. Nous sommes un peu confus mais dormons royalement quand même!

La piste du Frioul







Jours 36: la Dolce Vita

Aujourd'hui nous rejoignons la plaine pour laisser derrière nous les hauteurs. Une semaine qui parut bien plus longue en réalité. Les montagnes rendent les sensations plus intenses: froid, beauté, altitude, vitesse, effort, émerveillement... La démultiplication est flagrante. Et puis quel changement entre le nord et le sud... Vivant, dynamique, sain d'un côté. Sentiment d'abandon de l'autre...
Aussi disons-nous adieu à ces montagnes-ci (il faut toujours avoir beaucoup de respect à leur égard) avant de joindre la plaine lumineuse du Frioul, rebondie encore par endroits, serpentants le long de cours d'eau agréables. Le climat est méditerranéen. Les pierres, les villages, les gens aussi. On y retrouve les clichés de nos imaginations et ça nous plait bien.
La température est agréable, 22°c sans doute et nous campons en bordure de champ, une terrasse bien située face au coucher du soleil, et une bonne douche en perspective!

Café à Udine







Campement de montagne & Rencontre







Difficile de trouver un terrain plat en montagne! Puis rencontre avec un habitant parlant parfaitement... Allemand!

mercredi 12 octobre 2011

Jour 35: Toujours descendre

Reprise difficile et lente ce matin. Malgré la couette, le poêle à bois et la douche chaude (sensation inespérée ;-) ) les forces laissées la veille ne sont pas toutes revenues. 65 km hier dont un bon tiers de montée... Et puis le cadre est nouveau. Tout est différent ici. Les magasins sont fermés le lundi, ou à midi ou n'existent plus. Tant pis nous continuons sur cette piste incroyable, les anciens rails. Enchainons les tunnels et les ponts suspendus, rien que pour nous. Quel pied!
... Et la route se mît à finir. D'abord un éboulement vieux d'au moins 6 mois nous oblige à descendre vélo et bagages le long d'un sentier raide improvisé. Ensuite plus rien... Il faut se faufiler entre les villages. Pas une seule boulangerie ouverte sur notre route... Il fait froid à nouveau - nous sommes encore en altitude, à flanc de montagne. Une station d'autoroute permet de se ravitailler. Campement de fortune en aplomb d'un petit village. Ni vu ni connu...

Ce n'est plus une piste, c'est une autoroute cyclable :-)







Qui s'achève malheureusement...







Avant de quitter le lac St Leonhard







Jour 34: Ciao Italia!

C'est le grand jour: chevauchée du dernier col alpin pour rejoindre l'Italie. Difficile pourtant de quitter ce lac idyllique. Les passants s'intéressent à nous, échangent. l'Autriche nous aura vraiment fait bonne impression. L'ouverture aux étrangers - de passage certes - et cette organisation ouverte et progressiste où chacun peut trouver sa place et la vie continuer, dans un confort certain, moral et matériel...
Café au lait (qui ne risquait pas de tourner pendant la nuit ;-) ), les affaires et nous-mêmes dans un grand bain de soleil... Nous retardons l'échéance!
Nous remontons la Gail, agréable. Le temps se couvre, il fait plus frais. Altitude. Concentrés nous enchainons les km. La pente s'accentue, des pauses rapides. Ne pas écouter ses jambes qui demandent grâce. Heureusement les fortes déclinaisons sont rares. Cela reste humain. Il faut juste persévérer jusqu'à cette frontière d'un autre âge, d'avant Schengen. Voilà, nous sommes en Italie. Et soudain un autre cachet. Comment dire... Un peu suranné...
La piste continue à monter mais elle est différente. Elle remplace l'ancienne ligne de chemin de fer. Le bitume est idéal, 2 voies bien délimitées au sol, des gares délabrées sur le côté. Et puis toute montée à une fin. Le soleil réapparu se couche gentiement, il fait bien frais. Que faire? Les pensions sont vraiment plus chères ici... Finalement nous amorçons la descente. Ne pas rester plantés là...
Et la descente est magnifique sur cette piste impeccable, déserte, dans l'ombre des sommets, le long du torrent bouillonant, des rochers nus et des alpages...
30 km/h de moyenne, presque sans effort :-))) Beauté cristalline, extase de la vitesse. Nous dévallons. Toujours rien ni personne en vue. Continuer, on verra bien. Le froid nous saisit lentement, la nuit aussi. Arrivons à Pontebba, au coin d'une ruelle une pension pleine de charme. Plus loin un latte macchiato. Pas de doute dans ce domaine, les italiens sont les meilleurs :-)

On remonte la rivière Gail et puis, c'est l'Italie!







Descente de la vallée I







La descente vers Pontebba